Je n’ai pas connu mon père. Enfin, je n’ai pas connu celui qui a permis que j’existe. Un père biologique, un “géniteur” qui a disparu bien vite de ma vie. J’en garde à peine quelques souvenirs flous et très distants, semblables à ceux encore présents quelques instants au réveil après un rêve.
Je devais avoir un peu plus de deux ans et demi quand mes parents ce sont séparés et je l’ai peut être vu pour la dernière fois aux alentours de mes 5 ans.
Je ne me souviens pas de son visage. Ni même de sa voix. Dans ma tête c’est une silhouette et je n’ai eu que très tard des photos de lui entre mes mains. De façon accidentelle, qui plus est, ce qui m’avait pas mal secouée à l’époque.
J’ai donc grandi sans lui. J’ai toujours pensé qu’il ne m’avait pas manqué. D’ailleurs dès que quelqu’un se permettait d’en poser l’hypothèse que cela m’agaçait au plus haut point. Comment quelqu’un que je ne connaissais pas pouvait-il me manquer ? Cela me paraissait stupide, aberrant. Et puis cela sonnait aussi comme une éventuelle trahison envers mon grand père qui comblait ce vide et mon beau-père qui m’a élevé du mieux qu’il a pu…
La seule chose que je regrettais vraiment, que je déplorais consciemment était d’ignorer la raison de son absence. Ce sujet était totalement tabou dans la famille. Un interdit silencieux auquel je me suis pliée sans jamais oser demander pourquoi il était parti, pourquoi il ne voulait plus me voir… Je ne savais pas d’où je venais ni pourquoi j’avais été ainsi abandonnée.
Finalement, avec beaucoup de recul et de temps, j’en viens à me poser la question du lien possible entre son absence et ma conviction d’enfant que je ne méritais pas d’être aimée… J’en viens à accepter que j’ai longtemps eu cette peur ancrée en moi d’être rejetée, abandonnée une fois encore et qu’il était trop dangereux d’aimer un homme, que ce n’était pas une chose prudente, que je n’y étais pas autorisée…
Ce sont des peurs d’enfant qui sont restées longtemps profondément enfouies en moi. Le fait de l’écrire aujourd’hui et d’en parler un peu m’aide à les dépasser. Je comprends mieux mes échecs passés, je comprends mieux pourquoi il m’est arrivé de ressentir une dépendance affective, pourquoi je me suis trop souvent pliée aux désirs de mes ex de peur de les perdre… Je comprends mieux pourquoi l’enfance est à ce point une chose précieuse à mes yeux et pourquoi la famille est un idéal qui me laisse parfois à ce point rêveuse et mélancolique.
Aujourd’hui il est temps de tourner cette page, il est temps de continuer à aller de l’avant, encore un peu plus sereinement.
Très bonne conclusion

L’enfance nous marque parfois plus qu’on ne le pensait, alors bon courage
oui à ma grande surprise
…. merci de ces mots….
de rien, s’ils peuvent aider d’autres que moi
Si ça peut te rassurer, j’ai connu – je connais – mon père, et ça ne change rien à mon grand besoin de reconnaissance de la part des hommes. Mon père est un chef de famille, rien de plus. Aucune attention de sa part autre que “tu as eu 19 ? Bah tu aurai du avoir 20 !”. Alors appeler ça un père, c’est un bien grand mot …
ça ne me rassure pas vraiment, c’est plutôt triste
Oh la la, bel article ! Je comprends tout à fait ce que tu ressens.
J’ai le même problème de papa absent (sauf que je l’ai connu jusqu’au divorce de mes parents puis il a sombré loin loin dans le noir et dans son égoïsme).
Donc le côté “faille” est forcément lié à ça. Les célibattantes sont-elles ainsi parce que le papa a été défaillant ? Peut-être ! Bisous ma belle, c’est bien d’avoir identifié le problème
yep, ça peut expliquer pas mal de choses…bisous tout plein
nos relations actuelles découlent souvent de notre passé, il crée nos peurs, nos craintes, et on fonctionne souvent par mimétisme ou complète opposition par rapport à lui…jusqu’à ce qu’on s’en rend compte et qu’on s’en éloigne. Bravo à toi d’avoir fait ce pas, loin d’être évident!!
c’est bizarre j’ai longtemps refusé de le croire et pourtant si, cette absence a compté…
Dans nos fragilités, c’est souvent l’enfant en nous qui réagit…Tu as sans doute mis le doigt sur une des origines de tes maux à l’âme…C’est très courageux de faire partager cela.
mon grand père a également abandonné ma mère et elle ressent les mêmes choses que toi, cette impression de ne pas mériter d’être aimée.
je te souhaite tout le courage possible pour t’aider à te construire le mieux possible avec cette absence.
merci miss, ça va doucement mais ça avance je crois
Ton écrit me touche profondément ! Mon histoire ressemble un peu à la tienne, mais elle a aussi et certainement de grandes différences. Ce sont surtout tes ressentis qui font échos chez moi. L’enfance est précieuse, elle participe à la construction de ce que nous serons. Les craintes, peurs, incompréhensions, blessures de l’enfance peuvent s’enfouir en nous et guider inconsciemment nos actes et émotions. Subir une absence, un rejet, un manque d’attention, et tout simplement d’amour peut faire croire que nous ne sommes pas “aimables”. Et cela peut aussi engendrer une vilaine culpabilité qui n’est pas justifiée.
<3
très très précieuse l’enfance oui…j’espère que tu ne subis pas cette vilaine culpabilité que tu évoques
Encore en partie mais plus à cause de mon père. Je suis en paix avec lui mais d’autres que lui ont aussi noirci mon enfance.
déjà une partie du travail de faite alors…c’est fou parfois comme il faut pardonner aux autres avant de pouvoir se pardonner des choses dont on n’est pourtant pas coupable…
bises tout plein et bonnes vacances dans le grand nord !
Merci à bientôt, bises
Merci beaucoup pour ton article. Vraiment. Je pourrais en parler avec toi en mp ?
ben de rien…
et quand on comprend tout va mieux:)
complètement, ça soulage
Ta conclusion est tout à fait juste, prendre conscience qu’on est (entre nombre d’autres choses) défini par ce qui nous a marqué étant enfant – d’autant plus pour des traumatismes – doit être une étape vers le progrès: ça doit nous permettre de lâcher ces poids derrière nous et de regarder vers le futur le coeur un peu plus léger !
Je comprends ce que tu ressens. Nous n’avons pas la même histoire, mais le même manque. Mais à la différence de toi, je ne pense pas qu’on puisse tourner la page sur ce qui a fait de nous ce qu’on est. En revanche, ce qu’on doit faire pour construire une vie bonne pour nous c’est de reconnaître ce manque et de vivre ce chagrin… biz
oui, quand je parle de tourner la page, c’est plus tourner la page de l’inconscience de ce drôle de manque pour aller de l’avant en sachant qu’il existe…
Je ne te permets pas de parler de ma vie comme ça ! ^^ Plus sérieusement, je suis dans la même situation sauf que moi je ne l’ai jamais vu, et lui ne me connait pas. Ma mère a découvert ma présence un mois ou deux après qu’il soit parti “chercher des cigarettes”
en même temps il est parti si tôt que je ne me rappelle pas de son visage…dure ton histoire, pas évident de se contruire ensuite
J’ai vécu et ressenti les mêmes choses. C’est un gros travail à faire sur soi même, quand on a une histoire similaire, que d’acquérir la confiance en soi et en les autres, et de faire abstraction de cette peur maladive de l’abandon.
Pas vraiment, mais je pense qu’il faut laisser faire le temps, il fera son oeuvre. ^^